Nouvelle énergie : la filière hydrogène se structure à l’ouest
Nantes Saint-Nazaire Port vient de lancer un appel à projets pour étudier les scénarios de déploiement de la filière hydrogène dans son écosystème portuaire. Une démarche qui s’inscrit dans la feuille de route de la Région des Pays de la Loire. Avec l’ambition de faire de Nantes Saint-Nazaire le premier grand port hydrogène de l’Atlantique.
« Il faut oublier l’image du ballon dirigeable Hindenburg détruit par le feu. Aujourd’hui, l’hydrogène est une énergie sûre, analyse Didier Burnel, Adjoint technique à la capitainerie de Nantes Saint-Nazaire Port et délégué au Pôle Mer Bretagne Atlantique. » L’hydrogène bénéficie d’une forte dynamique portée par le Plan national hydrogène, appuyée par le Gouvernement qui a décidé de consacrer à cette énergie d’avenir plus de 7 milliards d’euros d’ici 2030, dont 2 milliards dans le cadre du plan de relance en 2021 et 2022. Il constitue une véritable alternative aux énergies fossiles et doit, à terme, prendre une place importante dans le mix énergétique français.
L’hydrogène permet de stocker l’électricité sous forme de gaz. Il peut également, grâce aux piles à combustible, être utilisé dans les process industriels ou les mobilités terrestres et maritimes sans émission de polluants ni de CO2. « Actuellement, 60 millions de tonnes d’hydrogène sont produites dans le monde (dont 1 million en France), principalement à partir d’hydrocarbures, souligne Didier Burnel. L’objectif désormais est de produire l’hydrogène “vert” à partir d’énergies renouvelables. » En Pays de la Loire, de grands projets expérimentent ces différentes solutions.
Collaboration avec les régions limitrophes
Labellisée en 2016 « Territoire hydrogène » dans le cadre de l’appel à projets national « Nouvelle France industrielle », la Région Pays de la Loire avait affiché dès 2017 son ambition en la matière. Dans le cadre de son plan de relance régional, elle a souhaité renforcer encore son soutien à la filière hydrogène en adoptant une feuille de route ambitieuse, dotée d’un soutien de 100 millions d’euros d’ici 2030. Les initiatives développées sur les territoires estuarien et maritime en faveur de la production et de la distribution sont portées par les programmes H2 Loire Vallée et H2 Ouest Vallée. Les Pays de la Loire travaillent aussi en collaboration avec les régions limitrophes. C’est le cas de la Bretagne, avec laquelle elle développe un plan d’action baptisé SMILE (SMart Ideas to Link Energies) pour faire du Grand Ouest une vitrine en matière de réseaux énergétiques intelligents. D’autres pistes de réflexion sont également en cours avec la Normandie ou le Centre-Val de Loire autour du ferroviaire ou de la Loire à vélo hydrogène.
Vers un hub hydrogène sur la place portuaire
Nantes Saint-Nazaire Port s’inscrit pleinement dans cette dynamique régionale H2 et s’est fixé pour ambition des développements stratégiques adaptés aux besoins et aux potentiels des acteurs du territoire portuaire. « Nous travaillons sur le projet d’installation d’une infrastructure de production d’hydrogène vert sur le domaine portuaire », indique Julien Dujardin, Directeur général adjoint de Nantes Saint-Nazaire Port. Et même si le projet n’est qu’au stade de contacts préliminaires, il est certain que l’hydrogène occupera une place importante au sein du projet stratégique 2021-2026 en cours d’élaboration.
En association avec la Région, France Hydrogène, l’Ademe et la Banque des territoires, Nantes Saint-Nazaire Port vient de lancer une consultation visant à déployer la filière hydrogène dans un environnement portuaire suivant cette feuille de route. Le Port dispose en effet d’atouts importants pour contribuer à l’émergence d’une véritable filière d’excellence, tout en facilitant la décarbonation des activités portuaires et la mise en place de nouveaux modèles d’affaires (intégrant les logiques d’écologie industrielle et d’économie circulaire). Une fois la modélisation achevée, des appels à manifestation d’intérêt seront lancés courant 2021, s’appuyant et complétant les savoir-faire, les infrastructures et les activités existants, avec l’objectif, à terme, de constituer un hub H2 connecté à l’international et à l’Europe.