Cocorico ! Cargill va décarboner sa production

L’usine de Cargill de Saint-Nazaire va utiliser les coques des graines de tournesol pour faire fonctionner sa future chaufferie biomasse et réduire drastiquement sa consommation de gaz. Le nom du projet : Cocorico.

Aujourd’hui, l’usine Cargill triture les graines de tournesol pour en extraire de l’huile. La matière restante est transformée en tourteaux et valorisée pour la nutrition animale. Le projet Cocorico vise à séparer les coques des graines lors de la trituration pour pouvoir ensuite les utiliser comme combustible dans une chaufferie qui doit être construite pour l’occasion.

« Les coques contiennent surtout des fibres et ne représentent pas d’intérêt nutritionnel », détaille Vincent Chevreau, Responsable du projet pour Cargill. « Le fait de les séparer pour en faire du combustible n’aura pas d’impact, au contraire : les tourteaux seront plus concentrés en protéines, ce qui intéresse nos clients ». Cargill travaille depuis deux ans sur ce projet, d’un investissement de plus de 100 millions d’euros.

Vente de pellets

Ce grand projet de décarbonation va entraîner une modification en profondeur du site nazairien avec la création d’un nouveau bâtiment et d’une nouvelle unité de décorticage du tournesol en plus de la nouvelle chaufferie. « Nous traitons entre 550 000 tonnes et 600 000 tonnes de graines par an », ajoute-t-il. « Les coques que nous allons récupérer devraient couvrir les besoins de la nouvelle chaufferie. Nous prévoyons même des excédents. » 

Cargill envisage donc de développer un nouveau marché, avec la production de pellets qui pourraient être destinés aux chaudières des industriels ou des collectivités. « Pour rendre la démarche encore plus vertueuse, l’idéal serait de pouvoir vendre ces pellets en circuit court, et pourquoi pas sur la zone industrialo-portuaire », précise-t-il.

Même s’il est encore en attente d’un dernier feu vert, le projet Cocorico est d’ores et déjà sur les rails, puisque les permis de construire ont été validés, les recours administratifs purgés et l’arrêté préfectoral approuvé. La mise en service des nouvelles installations pourrait intervenir à l’automne 2027.

Idéa dans la boucle

Partenaire historique, et voisin direct de Cargill, le Groupe Idéa assure la manutention et le stockage d’une partie du tournesol entrant et sortant de l’entreprise. « Nous sommes directement impliqués dans la démarche engagée par Cargill pour décarboner, mais aussi assouplir sa logistique », lance Frédéric Thiollier, Chef de projet Cocorico pour Idéa. « Nous avons entrepris la construction d’un transporteur à bandes entre les deux sociétés pour réduire drastiquement l’usage des camions ». Ce nouvel outil devrait être opérationnel au cours de l’année 2025. Il aura une capacité de 200 tonnes par heure et sera opérationnel 24 h/24 et 7j/7. 

Au total, ce nouveau système devrait supprimer entre 3 200 et 3 700 mouvements de camions par an entre les deux structures. Dans un second temps, un autre transporteur à bande devrait compléter le dispositif pour permettre aux tourteaux de tournesol de faire le trajet inverse entre Cargill et Idéa.

Retrouvez cet article dans notre magazine West Link, numéro 111